Contre toute attente, le nombre de dossiers de surendettement n’a pas explosé depuis le début de l’année, malgré la hausse galopante des prix à la consommation. Selon la Banque de France, leur augmentation se limite à 6 %, ce qui reste inférieur de 21 % par rapport à l’année 2019.

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Les ménages moins touchés qu’avant la crise sanitaire
Le nombre de dossiers de surendettement a augmenté de 6 % depuis le début de l’année (par rapport à la même période en 2022), ce qui reste une hausse modérée compte tenu du contexte tendu pour les budgets fragiles. Une baisse de 21 % est même observée par rapport à 2019, ce qui peut s’expliquer par plusieurs facteurs, notamment l’encadrement du crédit à la consommation, les aides sociales d’urgence ou la capacité des ménages à ajuster leur budget à l’inflation. Mais les raisons les plus importantes sont probablement l’indexation du Smic sur l’inflation et le marché de l’emploi qui résiste face à la crise. La baisse du chômage aurait même divisé par deux le nombre de dossiers déposés depuis 2015. Depuis le printemps 2023, les déclarations d’impayés par les banques restent stables et relativement basses. Les associations d’aide aux personnes font le même constat : pas d’explosion des demandes, malgré des situations difficiles. La Banque de France, chargée de gérer le dispositif, ne prévoit pas de dégradation à court terme, mais il n’en reste pas moins que le nombre de foyers surendettés est toujours très élevé. Parallèlement aux déclarations de surendettement, l’institution a reçu deux millions de demandes d’information ou d’accompagnement, chiffre qui témoigne de la fragilité financière de nombreux ménages.
Qui fait appel au dispositif surendettement ?
Les 90 454 dossiers déposés depuis janvier 2023 concernent surtout des personnes sans emploi et des personnes seules. Les femmes seules avec enfants constituent près de 20 % des dossiers, alors qu’elles représentent moins de 10 % des ménages français. L’âge des demandeurs les plus impactés par le surendettement se situe entre 30 et 55 ans. La quasi-totalité des dossiers (soit 90 %) est constituée de locataires ou de personnes hébergées par un tiers. Les revenus de la plupart des demandeurs sont inférieurs à 1 500 € par mois, et la moitié ont des ressources inférieures au seuil de pauvreté (défini à 1 102 € par mois en 2023). Un élément déclencheur est souvent à l’origine du processus de surendettement : maladie, divorce, perte d’emploi, dépense majeure imprévue... La dette moyenne est de l’ordre de 25 000 €, et on constate souvent un cumul d’une dizaine de dettes, relatives surtout à la consommation ou aux charges courantes. Il faut savoir que ces chiffres ne constituent que la partie émergée de l’iceberg, car les foyers endettés qui n’ont pas déposé de dossier sont vraisemblablement très nombreux. Pour pallier ce surendettement caché, la Banque de France entend mener une campagne de communication pour élargir sa visibilité. Cette initiative viendra compléter l’expérimentation « Aide-Budget », lancée en février dernier par le gouvernement dans 11 départements, dans le but de mieux prévenir la précarisation et le surendettement. Ce dispositif repose notamment sur le repérage précoce de difficultés financières par les organismes chargés de recouvrir des dépenses régulières, tels que les bailleurs sociaux.
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